
L’ouverture d’esprit consisterait à accepter l’idée que le sexe serait associé à de multiples pratiques. Alors que dans toute scène de sexe Hollywoodienne, la pénétration – à priori vaginale- donnant lieu à un orgasme simultané serait l’aboutissement normal de toute relation sexuelle. D’après de nombreux sexologues occidentaux, les hommes et les femmes considèreraient massivement la sexualité hétérosexuelle comme un schéma immuable consistant en préliminaires plus ou moins rapides avant pénétration. Mais cette représentation invariable de notre sexualité est-elle justifiée ?
Quand la pénétration
n’est plus une évidence
Dans les années 1920, Freud propose de classer les femmes en deux groupes selon leur accès au plaisir. D’un côté, les jeunes filles, sensibles à la stimulation clitoridienne. De l’autre, les femmes dites « matures », capables d’atteindre l’orgasme par la pénétration vaginale.
Aujourd’hui, on remet largement en question cette théorie. Les connaissances sur l’anatomie des sexes, féminin comme masculin, ont considérablement évolué.
Le clitoris est reconnu comme le seul organe féminin entièrement dédié au plaisir. Il possède 8 000 terminaisons nerveuses, contre 5 000 pour le gland, son équivalent masculin. Il réagit fortement à la pression et aux vibrations, un fait que les concepteurs de sex-toys ont bien intégré.
La pénétration vaginale seule ne suffit pas à la majorité des femmes. Seules 30 % atteindraient l’orgasme ainsi. Dans la plupart des cas, c’est la stimulation du clitoris externe ou interne qui déclenche le plaisir
Ce constat nous place face à un vrai dilemme. Beaucoup d’hommes restent attachés au schéma classique : « préliminaires + pénétration vaginale ». Difficile, dans ces conditions, de leur balancer la réalité en pleine action. Ce serait l’équivalent d’une douche froide… voire d’une bombe atomique pour le couple installé dans sa routine.
Restons fleur bleue...
Le sexe ne se limite pas à la recherche de plaisir individuel. Le désir se construit de façon bien plus complexe. Un rapport sexuel ne se résume pas à un simple corps à corps. C’est un moment d’intimité, presque hors du temps. Un espace pour se connecter profondément. Pour ne faire qu’un.
Love is in the air… 🌸
Mais si on part du postulat que du point de vue de la femme, la pénétration ne donne pas autant de plaisir que la stimulation clitoridienne, une pénétration consentie peut alors être vécue comme « un don de soi », acceptant l’idée qu’à ce moment du rapport sexuel, l’homme puisse prendre plus de plaisir qu’elle.
… Mais pas trop quand-même !
Sous la couette, la conscience (parfois féministe) se soustrait à l’inconscient, pour faire naitre le désir. Et c’est là qu’on se retrouve face à nos propres incohérences : la construction du désir fonctionne souvent par images. Et ces représentations visuelles passent par notre imagination, mais également par des films, récits, romans ou autres supports diffusant précisément le modèle de sexualité communément admis, virilité masculine inclue. A cela plus rien d’étonnant si on veut gagner autant que son homme mais que dans nos fantasmes, il nous plaque contre le mur… C’est l’illustration du grand écart fréquent entre désir et conscience personnelle.
Et si on laissait tomber le match entre notre conscience et notre libido ?
Ça simplifierait les choses non ? Pourtant, qu’il s’agisse de la nécessité psychique d’aligner ses actes avec ses convictions ou de maintenir l’équilibre de son couple, on peut dire que rien n’est moins sûr. Sur ce dernier point, il suffit de considérer le nombre de couples en consultation pour une baisse de libido d’un des 2 partenaires (encore majoritairement les femmes) pour s’en convaincre. Car d’après les sexologues, la routine sexuelle associée au schéma « préliminaires + pénétration » répété à l’infini ne fait pas bon ménage avec le désir à long terme.
Un postulat étayé par le circuit de la récompense commun à tous les mammifères qui associe le plaisir à la sécrétion de dopamine par le cerveau qui en redemande. Et si on reçoit moins de plaisir dans nos pratiques sexuelles que l’homme, on a juste moins envie d’y retourner ! CQFD.
La solution ?
Là encore, pas de remèdes miracles. Etre capable de discuter du sujet, ne pas créer de routine autour d’un schéma pré-établi, ne plus considérer les caresses comme des préliminaires mais un possible rapport sexuel à part entière n’aboutissant pas systématiquement à une pénétration. Evidemment, ne jamais simuler si on veut que notre Cupidon (ou Don Juan) comprenne le plaisir féminin, mais au contraire guider, être à l’écoute de son partenaire en exprimant ce qui nous donne du plaisir et garder une « attitude apprenante ». Et se souvenir que le plaisir doit être réciproque pour que les deux aient envie de remettre le couvert !




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